Un flamenco de plumes
sèches dans le soir
fait voler en éclats d'eau fraîche le miroir.
Les tadornes se posent
pour laisser la place aux dragons
et aux gitanes roses
qui dansent ensemble à l'horizon.
Oeil de saphir,
les grands d'Espagne viennent dormir.
Pour eux tout seuls le grand silence des escales
l'eau des berceaux pour leurs ailes qui font mal.
Pliés dans leurs mémoires,
routes d'Afrique, chemins d'ailleurs,
et ce marais-terroir
qui toujours les serre sur son coeur.
Oeil de saphir,
les grands d'Espagne vont s'endormir.
Voient-ils dans le reflet de lune qui se tortille
ce héron qui bataille avec une anguille ?
Figés par le sommeil,
immobiles comme des appeaux,
rêvent-ils d'un soleil
qui chante au ciel son fandango ?
Oeil de saphir,
les grands d'Espagne sont endormis.