GOURY
 
 

Quelque part dans le piège des brumes,
j'entends un bateau désespéré
s'envelopper de sirènes.
Courage, mon vieux capitaine,
j'arrive !
j'arrive !
le temps de mettre à l'eau
le canot et les gars de Goury.

Il faudra bien que l'on monte à bord
de ta coquille de noix fragile
qui n'est que papier buvard
pour les tessons des récifs !
Dérive !
Dérive !
Dans les vagues en guerre,
mon canot bataille sans blessures !

Nous nous serrerons les mains plus tard,
quand elles auront maîtrisé la barre.
La rive,
la rive
sera bienvenue comme jamais.

Nous raconterons à la veillée,
avec les mots de Côtis-Capel,
les grandes plaies des naufrages
dans la chair et dans le bois.
Pensive,
pensive,
la mer enfin calmée
s'en ira doucement dans la nuit.

 

© Daniel Bourdelès