SUR LES CHEMINS
DU COTENTIN

 

Je vis sur une terre égarée,
Voie sans issue pour les touristes,
Où les miroirs des toits de schiste
Font des œillades à la marée.

On entend rire sur la lande
La farandole des vieux murets
Et dans l'oeil vient s'aventurer
Ce petit je n'sais quoi d'Irlande.

Ici, au bout du Cotentin,
On prend la terre, on prend la mer.
On met le cap toujours plus loin
Sur les chemins du Cotentin.


Le ventre roux de Port-Racine
S'offre à la mer qui s'enfle, douce.
Il la retient puis la repousse.
Ainsi vont les amours marines.

Ici, au bout du Cotentin,
On prend la terre, on prend la mer.
On met le cap toujours plus loin
Sur les chemins du Cotentin.


A Goury, c'est toujours la guerre :
Armées venues des eaux profondes
Contre le phare, tout seul au monde
Pour tenir son pays de pierres.

Je t'écris du dernier jardin
Avant le large et les adieux,
Avec à jamais dans les yeux
Le grand sourire d'Ecalgrain.

Ici, au bout du Cotentin,
On prend la terre, on prend la mer.
On met le cap toujours plus loin
Sur les chemins du Cotentin.


 

© Daniel Bourdelès